(mars 2008)

Richard DUDA est Président de l'Echiquier Nanceien, Président du Comité Départemental de Meurthe-et-Moselle, et membre du Comité Directeur de la Ligue de Lorraine des Echecs.

DR :    Bonjour Richard. Peux-tu brièvement te présenter ?

RD :    J'ai 61 ans, et suis originaire d'Ecosse. Je suis né à Edimbourg de parents franco-polonais, mais j'ai surtout vécu à Glasgow. Mon père était officier de cavalerie polonaise et s'était retrouvé en Ecosse avec beaucoup d'autres militaires polonais après les débâcles successives en Pologne et en France. Ma mère, Française d'origine polonaise, s'était réfugiée en Grande-Bretagne en 40. Au décès de mon père, ma mère nous a ramenés ma soeur et moi en France. J'avais 12 ans. J'ai la double nationalité française et
britannique.

DR :    Tu es donc originaire d’un pays où le foot et le rugby sont rois. Comment en es-tu alors venu aux échecs?

RD :    C'est un voisin qui m'a appris à jouer à Glasgow, j'avais 11 ans. Mais c'est vrai que j'ai plutôt joué au rugby à Metz, puis à Vandoeuvre. J'ai rejoint l'Echiquier Nancéien en 1974 et j'ai donc pendant un temps joué parallèlement au rugby et aux échecs (championnat intérieur du club et championnat de Lorraine individuel). J'ai ensuite arrêté de jouer devant l'échiquier et de 79 à 86 j'ai joué par correspondance. J'étais devenu entraîneur de mon équipe et arbitre de rugby. Il y avait donc trop de pression.

DR :    Travailles-tu beaucoup les échecs, et comment ? As-tu un, ou des livres “référence” qui t’ont marqués ?

RD :     Je travaille vraiment peu depuis deux ans, par manque de temps. J'aime dépouiller les magazines auxquels je suis abonné: Europe Echecs, British Chess Magazine et Echec et Mat. Pendant un certain temps j'étais abonné àNew in Chess, mais les sempiternels interviews de joueurs de haut niveau pleurant sur leur sort et la méchanceté de leurs adversaires m'ont découragé.
Tu vas rire, mais j'ai des souvenirs émus du Bréviaire de Tartakover que j'ai découvert en français quand j'avais 15 ans, puis le le livre de Reuben Fine sur les Ouvertures. Mon premier exemplaire de Fine a été perdu dans un incendie chez un copain joueur de rugby mais j'ai réussi à le retrouver chez un bouquiniste.

DR :    Quelles sont tes cadences préférées ?

RD :    Les plus longues (je suis assez vieux pour avoir joué des ajournements, que les jeunes ne connaîteront jamais. Ah! les joies de l'analyse pendant la nuit avant la reprise le matin. L'arrivée des ordinateurs a précipité la dispartition des ajournements. A la fin nous jouions les coups proposés par nos machines... ). Les cadences courtes m'effraient un peu.

DR :    Quel a été ton meilleur classement Elo ?

RD :    1934 en FIDE, 1970 en National.

DR :    T’arrive-t-il de jouer sur internet ?

RD :    Non. 

DR :    Es-tu un joueur positionnel, ou recherches-tu plutôt les complications tactiques ?

RD :    Je ne suis guère positionnel. Je joue rarement 1.d4 ou 1.Cf3 par exemple. J'aime bien les gambits et contre-gambits 1.e4 d5, 2.d4 par exemple, pour le fun...

DR :    Quel(s) joueur(s) faisant parti de l’élite mondiale actuelle apprécies-tu plus particulièrement ?

RD :    J'aime bien Anand qui joue 1.e4 et est toujours prêt à en découdre. 

DR :    L'Echiquier Nanceien a de nouvelles recrues cette année qui sont très motivées. C'est encourageant après les 2 années de galère qu'on vient de vivre, non ?

RD :    Tout à fait! Les rumeurs quant à notre disparition étaient largement exagérées. Nous avons stabilisé l'effectif, enregistré l'arrivée de Stéphane Trassaert (Elo 2188) qui renforce l'équipe de N3, assuré l'équilibre financier du club, et développé un partenariat avec le Club St Nicolas. Tous ces points positifs nous permettent d'être confiants dans l'avenir.

DR :    Je crois savoir que tu es aussi un bon joueur de go. Si tu avais à choisir ?

RD :    Dire que je suis un bon joueur de go est très exagéré.  J'ai dû choisir entre les échecs et le go dans les années 70. J'avais fondé le club de go de Nancy avec des copains joueurs de rugby comme moi à l'US Vandoeuvre. Après l'avoir fondé, nous nous sommes rendu compte que nous ne pouvions pas mener de front le rugby et le go, et moi je jouais en plus aux échecs.... Nous avons donc abandonné le club de go qui a été repris par d'autres joueurs.

DR :    Tu participes à plusieurs tournois et compétitions tous les ans. Où vont tes préférences : opens, matchs par équipe, tournoi du CG, tournois de parties rapides ?

RD :    J'aime bien les Opens : Avoine et Créon sans doute cet été,  mais par le passé j'ai joué à Val Thorens et à Saint-Affrique, et en Espagne, à Olot en Catalogne (mais ce tournoi n'existe plus). J'apprécie aussi les matchs par équipe où j'ai parfois l'impression de jouer huit parties en même temps...

DR :    Roger Turboust vient de nous quitter tout récemment. Sa dernière partie officielle, il l'a gagnée pour le compte de ton équipe en N4...

RD :    J'appréciais beaucoup Roger, sa courtoisie, sa combativité, son inventivité, sa fidélité au club et à ses équipes. 

DR :    Bientôt aura lieu le Festival du Conseil Général 54. Comptes-tu y participer ? 

RD :    Je ne sais pas pour le moment. Je crois que mon épouse apprécierait un séjour à Cannes, suite à l'année pénible qu'elle vient de vivre (elle a été à nouveau à l'hôpital il y a quelques jours pour une opération). 

DR :    Merci d'avoir répondu à mes questions. En guise de conclusion, peux-tu nous livrer ici une de tes parties, du genre de celles que tout joueur  d’échecs prend plaisir à  montrer à ses pairs ? 

RD :    Va pour une miniature amusante, que j’ai joué en 2003 contre un joueur de Metz Fischer, en Nationale IV : 

Duda (1850) – Schmidt (1950)

1.e4 e6,   2.d4 d5,   3.Cc3 Fb4,   4.e5 Ce7,   5.a3 Fc3,   6.bc3 c5, 7.Dg4 0-0,   8.Fd3 Dc7!?, (c4, Cd7, et surtout f5 ou Cbc6 sont plus courants) 9.Fd2 b6   10.Cf3 Fa6??,   11.Fh7 Rh7,   12.Dh5 Rg8, 13.Cg5 Te8??,   14.Df7  et les Noirs sont perdus.